serveur gratuit free serveur
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où ...
Voir le deal

le cercle vicieux de la misère

Aller en bas

 le cercle vicieux de la misère  Empty le cercle vicieux de la misère

Message par FONDATEUR Ven 18 Nov - 12:53

Le cercle vicieux de la misère


La mondialisation de l'ignorance (sous la direction de Mehran Ebrahimi)
(Actes du 2eme colloque de la fondation québécoise pour l'alphabétisation),
Isabelle Quentin Éditeur, Montréal, mars 2000
1. Introduction :
Mon propos sera relatif à la pauvreté, ou à la misère, simplement pour remettre ensembles un certain nombres de faits et d’idées visant à mieux comprendre dans quel sens évolue notre monde. Dans un colloque consacré à l’alphabétisation et la formation en entreprise, j’ai voulu prendre un peu de recul. Si nous devons alphabétiser, c’est qu’il y a des analphabètes qui, dans l’immense majorité des cas, sont avant tout des pauvres. Quant à la formation en entreprise, nous essaierons elle aussi de la resituer dans un contexte réaliste.
Ma présentation se décomposera donc en deux parties. Je vais d’abord présenter une évolution historique portant sur la deuxième moitié de ce siècle qui s’achève et dans laquelle la misère était cantonnée dans un certain nombre de pays. La seconde partie va montrer comment la conjonction de bouleversements politiques et d’innovations technologiques est en train de modifier notre mode de vie en faisant réapparaître une pauvreté que l’on croyait disparue et en renforçant de nouveau les inégalités.

En conclusion, je réfléchirai un instant sur les rôles respectifs des entreprises et du monde politique.


2. Évolution historique
2.1 Hier : La misère chez les pauvres ou la discrimination entre États
2.1.1. L’évolution de ces dernières années
A près la fin de la seconde guerre mondiale , nous avons d’abord vécu dans un monde tripolaire : Il y avait des riches, des pauvres et des socialistes qui semblaient vouloir mettre en œuvre un autre type d’organisation sociale sur laquelle nous nous interrogions tout en la redoutant. D’où ce que l’on a appelé la guerre froide qui a entraîné une telle débauche de dépenses militaires que le système communiste, par ailleurs fortement gangrené, s’est écroulé à la fin des années 80.
Nous sommes alors entré dans un monde bipolaire composé simplement de pays riches et de pays pauvres. Pourquoi certains pays sont-ils plus pauvres que d’autres ?
2.1.2. La misère chez les pauvres
· Schéma 1 : la misère chez les pauvres



Quelques chiffres pour situer le problème :
Selon les rapports 1997 de l'UNICEF et de l'OMS :

1,3 milliard de personnes vivent dans le monde avec moins d'un dollar par jour et 3 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour. Le nombre des indigents croît de 25 millions de personnes par an. Le nombre des pauvres a triplé en cinquante ans (celui des riches a doublé dans la même période).

Un cinquième de la population mondiale a une espérance de vie inférieure à 40 ans. Pour 300 millions de personnes dans 16 pays, l'espérance de vie a reculé entre 1975 et 1995.

840 millions de personnes, dont 160 millions d'enfants, sont chroniquement sous-alimentées, et 2 milliards de personnes souffrent de carences alimentaires (en vitamine A, en fer, en iode).

· Les problèmes de scolarisation dans les pays pauvres :
Selon l’UNICEF, il y a actuellement 125 millions de jeunes enfants de moins de 12 ans qui ne peuvent aller à l’école primaire, même si ils le voudraient – et ils le veulent – soit environ un sur cinq.

Parfois cela tient au fait que l’école n’est pas gratuite et que les frais d’inscription sont insupportables pour le budget de leur famille, sans parler du coût d’achat des livres, des cahiers et des crayons dont ils ont besoin. Pour d’autres l’argent n’est pas un obstacle parce qu ‘il n’y a pas d’écoles… et pas de maîtres. Pourtant, pour les enfants pauvres du Tiers Monde, l’éducation primaire est leur seul chance d’échapper à la misère et de prendre le contrôle de leur destin. En 1995, le sommet social des Nations Unies avait vu les gouvernements promettre que tout serait réglé en 2015. D’ores et déjà, les retards accumulés rendent impossible l’atteinte de cet objectif qui n’en a probablement jamais été véritablement un .

Parmi les enfants scolarisés du Tiers Monde, entre 60 et 70% seulement, selon les pays, parviennent à finir leur quatrième année. Il y a dans le même temps 250 millions d’enfants qui travaillent – souvent très dur – sans compter le travail ménager des filles, lequel consiste parfois à aller chaque jour à pied chercher de l’eau ou du bois à plusieurs kilomètres de distance. Mais on marche beaucoup chez les pauvres. En Zambie, l’écolier moyen parcourt sept kilomètres à pied pour rejoindre son école.

855 millions de personnes, soit un sixième de l'humanité, sont analphabètes, c'est-à-dire ne savent ni lire, ni écrire leur nom.

Au Brésil, une femme analphabète a en moyenne au moins six enfants. Une femme alphabétisée en a en moyenne deux ou trois.

ET POURTANT :

Il en coûterait 0,5 % du revenu annuel mondial pendant vingt ans pour éradiquer la pauvreté : 40 milliards de dollars par an pour éradiquer la pauvreté et autant pour assurer l'accès universel à l'eau potable, à la santé, à l'éducation et à la planification familiale.
Ces 40 milliards de dollars représentent moins de 4 % de la fortune des seules 225 personnes les plus riches du monde et moins de 13 % de leurs revenus qui se sont élevés à 311 milliards en 1998
Les 20 Etats les plus endettés du tiers-monde cumulent une dette de 5,5 à 7,7 milliards de dollars. Soit le coût de trois bombardiers "furtifs" américains. Avec les 26 milliards de dollars que la Grande-Bretagne compte consacrer aux avions militaires "Eurofighters", on épongerait totalement la dette de l'ensemble de l'Asie du Sud et de l'Afrique subsaharienne.


2.2. Aujourd’hui : La misère chez les riches ou la discrimination entre personnes
Mais les choses ont continué à évoluer. L’effondrement du bloc communiste a levé les derniers obstacles à la mise en place d’un système d’échanges internationaux de plus en plus libre pour les biens et les services (pas pour les personnes) dont le symbole fut la création de l’OMC à la fin de la ronde Uruguay de l’ancien GATT.
Très largement facilitée par le développement simultané des nouvelles technologies de l’information et de la communication, la mondialisation progressive de l’économie nous conduit aujourd’hui à un monde unipolaire dont les effets commencent à se faire sentir sur chacun d’entre nous.
C’est la fin du rêve américain, qui correspondait à un monde composé de quelques pauvres, de quelques riches et d’une énorme classe moyenne. En fait, nous assistons à une tiers-mondisation progressive de la planète avec des pauvres plus pauvres, des riches plus riches et une classe moyenne en voie de disparition.
Car la mondialisation se traduit dans tous les pays développés par ce que l’on appelle hypocritement des « rationalisations », c’est-à-dire en réalité des suppressions massives d’emploi découlant de deux facteurs principaux :

Il y d’abord les délocalisations d’usine dans les pays les plus pauvres pour profiter des avantages comparatifs qu’ils offrent pour les emplois les moins qualifiés. Même la suppression éventuelle du salaire minimum ne suffirait pas à rendre compétitive une couturière canadienne face à un ouvrier vietnamien, qui travaille (bien !) 10-12 heures par jour, 30 jours par mois pour 30 à 40 dollars US par mois, et dort au pied de sa machine à cou­dre pour ne pas perdre sa place.
Il y a d’autre part les progrès technologiques qui augmentent la productivité – et donc diminuent les besoins de main-d’œuvre – tout en permettant eux aussi d’utiliser de la main d’œuvre à l’étranger, mais qualifiée cette fois. On voit ainsi de nombreuses entreprises sous-traiter leur comptabilité aux Indes, ou leurs travaux informatiques à l’Île Maurice, par exemple. « L’avantage principal est qu’un comptable suisse coûte environ 70000 $ par an, et un comptable indien, à peine 3000 dollars... » [1]
Il reste donc très peu de travailleurs de nos pays qui ne soient pas menacés, d’une façon ou d’une autre, par la concurrence de la main d’œuvre étrangère et il faut donc soit se réfugier dans des emplois de plus en plus qualifiés, soit accepter des emplois non qualifiés à des conditions de plus en plus dures. Les téléphonistes de Bell l’ont appris à leurs dépens.

Entre 1988 et 1996, 33 grandes compagnies membres du Business Council on National Issues, fondé en 1976 par 150 P.-D.G. des plus grandes entreprises établies au Canada, ont ainsi mis à pied 216,004 personnes - 11 autres avaient embauché un total de 28073 personnes.



“Il y avait le Nord et le Sud, les pays riches et les pays pauvres. La mondialisation de l’é­conomie est en train de rendre caduque cette distinction. «Un seul monde» est en voie de gesta­tion, une évolution mise en évidence dès le début des années 90 par Robert Reich[2]… Le retour actuel de la croissance mondiale s’accompagne en réalité d’une formidable redistribution des ri­chesses entre les nations. Il conduit aussi partout à une dissociation croissante entre l’économi­que et le social” (Izraelewicz, 1995)

3. La réémergence de la pauvreté dans les pays riches
3.1. La notion de pauvreté
C’est en Grande Bretagne que cette notion est apparue, il y a plus d’un siècle, dans un pays qui était alors la première puis­sance économique mondiale. “En 1886, Charles Booth, armateur de Liverpool et conservateur bon teint, a le premier formulé cette idée dans une enquête sur les habitants de Londres : il éva­lue alors à 18 shillings par semaine le minimum en dessous duquel une famille moyenne ne peut vivre décemment. Et il découvre qu’un tiers environ des familles ne disposent pas de ce revenu, ou à peine. En 1901, le chocolatier Rowntree, dans une enquête comparable dans la ville de York, aboutira au chiffre de 28 %.”. [3]

Aujourd’hui, selon les critères de l'OIT, sont considérées comme pauvres les personnes dont le revenu net disponible est inférieur de 50 % au revenu net moyen disponible par unité de consommation dans l'aire géographique considérée. Le concept de pauvreté, ici, est celui de la pauvreté relative, mesurée non seulement à l'aune du minimum physique d'existence, mais mise en relation avec le niveau de vie social moyen.

La réémergence ("ré", puisqu'elle n'avait pas disparu : tout au plus était-elle devenue invisible - mais il n'est rien de moins visible que ce qu'on se refuse à voir) de la pauvreté se manifeste par la mise en oeuvre d'un processus d'exclusion en trois étapes :

La précarité, la marginalité et l’exclusion
FONDATEUR
FONDATEUR
Admin

Messages : 2429
Points : 7531
Date d'inscription : 06/08/2011

https://algersoirnet.forumalgerie.net

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum